Le Ponant a travaillé avec l’architecte de la mer Jacques Rougerie pour réaliser un salon sous-marin destiné aux quatre nouveaux Explorers. Magique !

Parmi eux : L’incroyable Champlain, qui à l’occasion de nos croisières 2018 Humour & Gastronomie vous fera découvrir les trésors de la Méditerranée. Situé sous la ligne de flottaison du tout nouveau navire de la gamme PONANT EXPLORERS, ce salon multi-sensoriel, véritable prouesse technique, est conçu autour de trois concepts clé.

Voici l’interview mené par Paris Match sur le sujet :

 

Paris Match. Comment est né le projet ?

Jacques Rougerie. Jean-Emmanuel Sauvée, président de Ponant, est venu me voir. Marin lui-même, il connaissait les Aquascopes que j’avais réalisés en 1979 pour Gilbert Trigano et le Club Med.

 

Pourquoi maintenant, alors ?
Avant, les possesseurs de bateaux avaient une crainte ancestrale de ce qu’il y a sous la mer. C’est Cousteau, bien sûr, mais aussi les sports d’eau comme le surf qui ont modifié cette perception. Il y a désormais une génération d’amoureux de la mer. Avec François Pinault, les dirigeants de Ponant souhaitaient un concept de bateau de croisière plus audacieux. C’est une société impliquée dans l’environnement, raison pour laquelle ils ont d’obtenu des autorisations pour naviguer dans des régions vierges de l’Antarctique ou en Papouasie. Et ainsi offrir à des personnes à mobilité réduite, ou à des gens âgés, la possibilité d’observer les lieux les plus inviolés de la planète.

 

Quel était votre cahier des charges ?
Nous sommes partis d’une première idée, réductrice et finalement un peu “vulgaire” : un bar sous l’eau. J’imaginais un “salon sensoriel”. Pour que les gens ressentent les vibrations de l’océan. Par ailleurs, je voulais offrir aux passagers une fenêtre sous l’eau. Pour les hublots, à bâbord et à tribord, je me suis inspiré des yeux de la baleine, l’animal emblématique du monde marin. Ce salon sera baptisé “Blue Eye”.

 

Vous dites que chaque sens sera sollicité. De quelle façon ?
Depuis les coursives, vous emprunterez un escalier et, en tenant la rampe, vous commencerez à sentir des phénomènes de vibrations. Sous l’eau, le son se diffuse à travers le système osseux. C’est pourquoi j’ai demandé à Michel Redolfi, avec qui je faisais des concerts sous-marins, de créer des sons qui se propageront dans le sol, sur les parois et les rampes d’escalier. De même, on a fait des sièges ergonomiques. En posant sa tête contre le dossier par exemple, on sentira le son se répandre dans tout son corps à travers le crâne et la cage thoracique… Ce sera extraordinaire !

 

Si je comprends bien, on sera dans la gueule de Jonas ?
Exactement ! C’est pourquoi j’ai dessiné des fanons au plafond, ces striures sous le corps de la baleine, pour que l’on ait l’impression d’y être.

 

« Offrir à des personnes […] la possibilité d’observer les lieux les plus inviolés de la planète »

 

Quels seront les sons que vous allez diffuser ?
Des chants de baleines, bien sûr. Mais cela dépendra des zones. Dans des espaces coralliens ou dans des lagons, ce sera une musique douce et harmonieuse. En revanche, si on est au-dessus de dorsales atlantiques, on aura des sons beaucoup plus étranges. Deux hydrophones nouvelle génération sont prévus à l’intérieur du salon, permettant de capter les sons sur un périmètre d’au moins 5 kilomètres. En outre, il y aura des caméras à l’extérieur du bateau. Les images seront projetées en temps réel sur des écrans qui s’abaisseront dans le salon. Et les moments où il n’y aura rien à voir, parce que la zone est sans vie ou l’eau trop trouble, on diffusera ce qu’on aura filmé au préalable.

Y aura-t-il une lumière particulière également ?
Absolument. Il y aura des zones de lumière mouvante, comme c’est le cas lorsqu’on est sous l’eau. En outre, je voulais que, la nuit, le bateau soit comme une soucoupe volante. On a donc fait installer un tapis de lumière. Pas des faisceaux, mais bien une nappe de lumière tout autour de la coque qui attirera les animaux.

 

Quelle sera la contenance du salon ?
J’aurais aimé qu’il soit plus grand, mais c’est une première mondiale. Ça n’a jamais été fait auparavant de mettre des touristes devant une coque transparente sur un bateau de croisière. Il a donc fallu travailler en bonne harmonie avec les autorités de sécurité pour obtenir les autorisations. C’est un premier essai. Si tout le monde est rassuré, on visera plus grand encore. Je rêve de faire l’ensemble de la coque en salon sous-marin.

 

« Depuis les coursives …. Ce sera extraordinaire ! »

 

source : article de Paris Match écrit par Romain Clergeat.